12 juin 2022 •
😱 Burn out •
Durée : 1h 26min
Retrouver du kiff dans son travail avec Christelle Duclos
Christelle a un profil de bonne élève. Elle travaille bien à l’école, fait des études d’ingénierie mécanique.
Au cours de son stage professionnel, elle fait un premier burn out et décide de lâcher ses études.

Une grande période de questionnement a suivi. Christelle décide de se lancer dans l’entreprenariat. Elle construit son quotidien autour de son business.
Son entreprise se développe rapidement. Un chiffre d’affaires à 6 chiffres et un planning rempli de missions ont raison de son stress et elle fait de nouveau un burn out.
En créant son quotidien autour de son business, Christelle s’est construit une prison en or qui l’enferme dans un quotidien qui ne lui correspond plus.
Découvrez à travers cet épisode, les solutions que Christelle a mis en place pour sortir de cet engrenage.
Episode de podcast retranscrit par Béatrice Gazeau.
Les ressources citées/légende de mots
- L’application développée par Christelle
Une app pour les coachs sportifs qui veulent gérer toute leur activité. - We Ukraine
La plateforme lancé par Christelle et une amie pour référencer les initiatives citoyennes et humanitaires existantes pour aider les Ukrainien.es. - Suivre Christelle sur les réseaux sociaux
Pour découvrir ses aventures et celles de son chat Mumune !
Transcription de l’épisode
Aujourd’hui, on reçoit la personne qui parle le plus de nourriture et de son chat sur Instagram : l’unique Christelle Duclos.
Diane : Comment tu te sens à l’idée d’enregistrer un épisode de podcast ?
Christelle : Habituellement, je suis assez stressée de prendre la parole. Aujourd’hui, je suis excitée. C’est la première fois que j’interviens dans un podcast. Du coup, c’est une grosse nouveauté.
Diane : La première question qu’on pose à tous nos invités dans les futurs contenus,
C’est c’était quoi le premier contenu que tu te souviens avoir créé ?
Christelle : Quand j’étais vraiment toute petite, j’aimais bien créer des comédies musicales avec mes amis. Souvent, c’était sur le thème des fées et des princesses. J’étais bercée par les Disney et les comédies musicales. Je pense que c’est vraiment le premier contenu que j’ai créé de A à Z, avec même les costumes.
Marine : Du coup, avec des déguisements que tu créais ou tu prenais des habits ?
Christelle : C’était des costumes soit je reprenais des pièces des déguisements que j’avais eu pour le carnaval, soit je créais moi-même des trucs.
Diane : Et la question qu’on aime bien poser :
Pourquoi avais-tu envie de le créer ?
Christelle : Il faut savoir que j’adore chanter et jouer la comédie. Quand j’étais petite, j’adorais faire des jeux de rôles, chanter. Je chantais tout le temps. Mes parents ont dû en avoir marre au bout d’un moment, parce que je chantais tout le temps, à tous les moments de la journée. Du coup, c’était quelque chose qui m’a animé.
C’était vraiment une passion pour moi de créer autour de la chanson et autour des jeux de rôles. Cela faisait beaucoup appel à ma créativité. Pourtant j’ai pensé très longtemps que je n’étais pas quelqu’un de créateur.
Diane : c’est hyper intéressant parce qu’on devait enregistrer un épisode sur comment développer ses machines à idées. Marine, tu avais fait des recherches : C’est quoi être créatif ? C’est quoi la créativité ?
Marine : Oui. La créativité : c’est trouver des idées nouvelles ou adapter des idées d’un autre secteur pour trouver une solution pour simplifier au maximum. Cela simplifie l’aspect d’avoir des idées. Si tu demandes aux gens de trouver une idée créative cela va les bloquer alors qu’en soi c’est juste trouver une solution à un problème.
Christelle : On a tendance à associer la créativité à tout ce qui est des courants artistiques. Du coup, on a l’impression qu’il faut être artiste pour être créatif. Or, ce n’est pas du tout le cas.
Je me suis considéré très longtemps comme scientifique. Je me suis rendu compte que depuis toute petite, je suis extrêmement créative, notamment parce que je jouais beaucoup au LegoⓇ. Je m’amusais à créer des petites cuisines en LegoⓇ pour les BarbieⓇ de ma petite sœur. C’est déjà une expression créative.
Notamment les costumes que je créais aussi pendant mes comédies musicales avec du kraft, je prenais les choses qui étaient à ma portée pour créer quelque chose.
Tout simplement, créer quelque chose. La créativité, c’est la base de la création.
Marine : Un créatif, c’est quelqu’un qui a beaucoup d’habitudes. Il a besoin de se mettre dans un contexte de réflexion. Par exemple, pour moi, mes idées viennent tout le temps dans ma douche. Quand je n’arrive pas à trouver une solution à un problème, souvent je prends ma douche cela me permet de me détendre et de réfléchir différemment.
Diane : J’avais regardé un webinaire avec David Perel, un entrepreneur et créateur américain. Il disait c’est un peu les trois B pour trouver de nouvelles idées. C’est in the Bed, in the Bath et in the Bus.
- In the bed : c’est quand tu dors, ton cerveau passe à autre chose, il se repose.
- In bath : c’est quand tu prends ta douche.
- In the bus, c’est quand tu es en train de marcher, quand tu fais une autre activité ou ton cerveau est obligé de travailler.
À trop se focaliser sur le problème et à être trop en mode, il faut que je trouve une solution. Cette solution ne viendra jamais. Comme quand tu ne cherches pas tes clés que tu les trouves.
Christelle : Je me suis rendu compte que mon vivier de créativité, c’est par exemple juste aller faire une balade en centre ville, dans le vieux Montpellier. Cela booste énormément ma créativité. Le fait de prendre le temps de faire autre chose. Généralement, cela t’ouvre un champ des possibles qui est assez impressionnant quand même.
Diane : cela revient au thème de cet épisode, c’est-à-dire retrouver du kiff dans son travail.
Bizarrement, moi je me rends compte que moins je me mets la pression plus je me prends au sérieux et plus je kiffe mon travail.
Du coup, la première question qu’on peut poser un peu pour voir la base, c’est :
Pourquoi as-tu voulu te lancer en tant qu’indépendante ? C’est quoi un peu ton parcours avant d’en arriver où tu es aujourd’hui ?
Christelle : Je viens d’une formation en ingénierie mécanique. Donc rien à voir avec ce que je fais actuellement, mais un peu quand même parce que je faisais déjà du design, mais d’une autre façon. C’est pour ça que je dis que tout le monde est créatif. Finalement, les méthodologies que j’applique maintenant pour mes clients, c’était les méthodologies que je connaissais déjà. C’était naturel pour moi, mais c’était juste que je connaissais pas les terminologies professionnelles associées à ce milieu. J’étais en alternance à Thalès, j’avais fait un burn out au travail. J’étais assez jeune quand c’est arrivé. Mon burn out est dû au contexte professionnel qui n’était pas adapté à ce dont j’avais besoin. L’ingénierie est un milieu très masculin et que quand tu es un jeune femme, c’est un peu compliqué.
D’autres facteurs se sont ajoutés. je passais ma vie devant l’ordinateur clairement à faire les mêmes calculs toute la journée. Des calculs que je connaissais par cœur, en long, en large et en travers. Je ne voyais personne. J’étais clairement dans une bulle, dans un cocon et je ne pouvais pas m’exprimer. C’était très protocolaire. Je n’avais pas la possibilité de rencontrer des gens, de m’exprimer avec des gens, d’avoir juste des gens autour de moi. Ma journée se résumait à j’arrivais à 7h30 au travail, je faisais mes calculs sur la machine. Je partais le soir vers 20h-21h parce que j’avais des journées qui étaient immenses. Clairement j’étais en train de m’exténuer à la tâche, parce que je ne voyais plus du tout pourquoi je le faisais.
Quel était le sens du travail que je faisais ? Parce que c’est un travail qui était là, juste pour la prouesse technologique, pas pour répondre à une problématique particulière. La problématique avait déjà la solution. C’est juste aller plus haut, plus loin, pas pour être créatif. C’est juste pour la prouesse technologique et pour dire qu’on a fait mieux qu’eux.
Donc pour moi, cela n’avait plus vraiment de sens. Notamment en termes de valeurs parce que, j’étais dans un milieu très militaire et je faisais des produits qui étaient liés à la défense du pays et à l’attaque. Pour défendre, il faut attaquer. Il y avait des produits qui allaient dans des conflits militaires.
Du coup, quand j’ai commencé à questionner mes valeurs et mes choix, j’ai vu que c’était plus aligné. Cette réflection fait éclater cette bulle. Je me suis dit : je kiffe plus du tout ce que je fais. Pourquoi je le fais, je ne trouvais plus de sens à mon travail, il ne me correspondait plus.
Du coup, comment as-tu eu l’envie de te lancer en train qu’indépendante ?
A quel moment as- tu eu le déclic de dire : c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ?
Christelle : Cela n’a pas été une transition j’avais besoin d’expérimenter, d’explorer avant de faire le choix d’être indépendant.
Un jour, je suis arrivée devant le portique où je devais badger. Je n’ai pas pu descendre de ma voiture, tout simplement. J’ai eu une angoisse qui est montée d’un coup. Toutes les questions que je me posais tous les jours depuis des mois. Ce jour-là, on était plus fortes que le reste. Elles m’ont paralysé littéralement sur place. La seule action que j’ai pu faire, c’est d’appeler le médecin du travail et lui dire : Je suis devant le bureau, je n’arrive pas à sortir de ma voiture, il faut qu’on m’aide.
La seule chose que j’ai faite, c’est demander de l’aide. Cela est super important. Quand on est dans ce genre de situation, c’est important de demander de l’aide, de s’entourer d’autres personnes.
Cela m’a permis de sortir de mon mal être. Je me suis faite aider par le corps médical, pour avoir un arrêt de travail, parce que c’était important pour moi de stopper vraiment. J’étais dans une angoisse permanente quand je venais au travail. Il a fallu beaucoup de temps pour que je me dise OK, je me lance en tant qu’indépendant. Il a fallu d’abord que je guérisse du burn out car pour moi, je l’associe à la maladie, parce que c’est quelque chose de très profond.
D’abord, il a fallu faire ce travail sur pourquoi j’ai fait un burn out. Je n’avais pas conscience de pourquoi j’avais fait ce burn out. J’étais encore en alternance. Je devais obtenir un CDI dans la même boîte à la fin de mes études. Mais j’ai décidé de ne pas obtenir mon diplôme.
Il a fallu tout reconstruire.
- Est-ce que j’avais envie de rester ingénieure ?
- Est-ce que j’ai envie de rester dans le même milieu ?.
C’était beaucoup de questions qu’il fallait déverrouiller avant de devenir indépendant. La meilleure façon pour moi a été d’expérimenter, d’aller voir d’autres choses.
Par exemple, j’ai vendu des lunettes à la Réunion pour la petite anecdote. Quand je suis rentré en métropole et suite au décès de ma grand-mère que je me suis dit ok : Christelle, tu te mets en mouvement, t’ai guérie.
Qu’est-ce que tu fais tout de suite ?
Une des questions qui faisait sens était : Je veux plus de liberté. Je ne veux pas dépendre des autres par rapport à mon travail.
Je me suis dit peut-être que l’auto entrepreneuriat pourrait me correspondre. J’aurai plus d’indépendance, plus de liberté et je ne dépendrais pas d’autres personnes. Je ne savais pas encore que je voulais être designer d’expérience. Du coup, j’ai commencé en auto-entreprise à tester et à faire plein de petites jobs, genre du site internet, du développement avant d’être designer.
Marine : C’est hyper important. Du coup, tu avais envie de liberté et tu t’es lancé en tant qu’indépendant. Quand tu es devenu designer d’interface, c’est comme ça que ça s’appelle ?
Christelle : Pas tout à fait designer d’interface, c’est encore un autre métier.
Moi, je suis designer d’expérience et de service. Pour resituer, il y a l’interface numérique à produire pour le design d’expérience. Mais ce n’est pas que cela. Pour moi, j’ai plus envie d’ avoir une vision de designer systémique. Je ne vais pas aller designer que l’interface, mais tout ce qu’il y a autour, les services, le customer care, plein de petites notions. En gros, je désigne tous les points d’interaction que l’entreprise a avec son client.
Marine : Oui c’est beaucoup plus que de l’interface.
Diane : Face ton expérience en CDI, où tu n’avais pas de liberté, c’était juste bosser, pour progresser. Pas progresser dans l’art de faire de nouvelles choses ou proposer de nouveaux services etc.
Comment est-ce que tu retrouves de l’indépendance dans ton métier aujourd’hui ? Est-ce que tu retrouves des éléments qui sont beaucoup plus en accord avec tes valeurs ?
Christelle : Le métier de designer d’expérience est encore assez jeune en France. Ce n’est pas le cas partout dans le monde, mais en France, c’est le cas.
Du coup, cela m’a donné la liberté d’expérimenter énormément et d’apprendre au quotidien. Parce qu’il y a tout à faire en France. Notamment, j’ai retrouvé de la liberté en participant à des associations professionnelles sur l’UX Design. On va réfléchir sur comment structurer les formations des jeunes designers qui vont sortir des écoles ? pour que cela ait du sens par rapport à notre métier.
Au quotidien, c’est créer des référentiels, c’est aller chercher des orateurs inspirants à l’étranger pour inspirer les designers français dans la pratique de l’UX Design en France.
Effectivement, vu qu’il reste tout à faire je suis animée tout le temps parce que mon métier se renouvelle tout le temps. C’est ce dont j’avais besoin : d’apprendre, d’expérimenter, de me renouveler sans cesse parce que je suis multi potentiel. J’ai besoin de m’exprimer de façons différentes. Et c’est pour cela que j’ai choisi d’être indépendante parce que j’expérimente en permanence, en faisant de nouvelles choses par rapport à mes envies du moment, mais aussi par rapport à mes besoins du moment.
Marine : C’est hyper intéressant. Si j’ai bien compris, t’as construit ton métier selon tes besoins et selon ce qui te fait kiffer. C’est toujours le cas aujourd’hui?
Christelle : Quand il y a cinq ans, quand je me suis lancée en tant qu’indépendant, j’ai construit mon quotidien sur mesure. En construisant ce quotidien sur mesure, je me suis construite une magnifique prison autour de moi et j’avais peur de me désengager par rapport à ce que j’avais construit. C’était compliqué de sortir de ce quotidien. J’ai construit un super écosystème autour de moi mais qui était aussi extrêmement contraignant.
J’avais des besoins particuliers, notamment des besoins financiers. Quand j’ai débuté, je n’avais pas d’argent. Il fallait bien se nourrir et payer un loyer. J’ai une angoisse assez permanente vis à vis de l’argent, j’ai peur de manquer. Il fallait que j’ai une visibilité sur le C.A. que je rentrais. Donc je me suis construit un quotidien qui me permettait d’avoir une visibilité beaucoup trop de visibilité même.
J’étais booké à un an voire deux ans. Cela m’a créé une prison autour de moi, parce que toutes les journées étaient figées. Je ne pouvais plus avoir la liberté que je recherchais au début.
Finalement, je m’étais remise dans une situation où je savais exactement ce que j’allais faire pour le restant de mes jours.
Je ne pouvais pas, par exemple, accepter un épisode de podcast ou suivre cette master class. Il n’y avait plus de possibilité à l’inconnu dans mon quotidien. C’est pour cela qu’au bout de cinq ans, j’ai envie encore de changer. En fin d’année dernière 2021, j’ai cette bulle qui a explosé d’un coup.
Il y a eu le décès de ma maman. Il m’a mis en face, de ce que je fais actuellement, de mes besoins et du sens de ce que je fais au quotidien. Ces questions existentielles sont arrivées les unes après les autres dans mon cerveau. J’étais en mode introspection car rien n’allait.
Je me suis posée cette question :
-
Qu’est ce que je fais maintenant pour avoir des actions pertinentes ?
Je m’étais construit un quotidien qui ne m’animait plus.
J’adore mon métier, mais le quotidien m’épuisait mentalement et physiquement. Le quotidien parce que je travaillais littéralement H24 pour des clients, sauf le week end, parce que je m’étais octroyé quand même les week end. Mais c’était la production et j’enchaînais les missions d’une l’autre systématiquement. Dans cet engrenage, une mission s’arrêtait, grâce à la puissance de mon réseau, 24h après une nouvelle arrivait.
C’est pour cela que je me disais : c’est une prison. Si je ne cassais pas violemment ce cercle, je pense que je serais resté dans ce cercle très longtemps.
Cela fait un an que ces questions sont assez présentes et reviennent systématiquement. Je n’arrive pas à m’en extirper.
Quand la bulle a explosé, je me suis dit OK, je vais faire une transition en douceur. Je vais prendre le temps de clôturer les missions en cours.
Mon énergie était de plus en plus descendante. Je voyais que mentalement j’étais en train de vraiment descendre. Mon médecin m’a dit que j’étais une nouvelle fois en burn out. Quand j’ai vu ce mot revenir sur la table. J’ai voulu me mettre en action car je ne voulais pas faire un deuxième burn out. Mais c’était trop tard, j’étais déjà en burn out.
Quand tu es en Burn out, ça ne veut pas dire que tu n’aimes plus ton métier parce que moi, j’aime toujours mon métier. J’aime toujours faire ce que je fais. Le burn out peut-être un burn out émotionnel vis à vis de ton quotidien, tout simplement. Mon quotidien m’allait plus. Il ne me correspondait plus. J’ai donc pris une décision très drastique. J’ai arrêté toutes mes missions clients d’un coup.
Maintenant j’ai fait vraiment le vide autour de moi, autour de mon quotidien professionnel, pour vraiment avoir cette rupture très brutale mais très franche qui me permet de faire émerger d’autres choses et de recommencer à construire un quotidien professionnel. C’est ma manière de faire par rapport à mon énergie du moment, à mon émotionnel à mon psychologiques
Diane : Je pense aux personnes qui nous écoutent et qui vivent ce que tu décris.
Quels sont les conseils que tu voudrais leur donner ? Quels sont les conseils que tu voudrais leur donner ?
Christelle : S’entourer en primordiale. C’est sûr et certain. Parler à son entourage parce que généralement, quand tu parles, tu peux conscientiser qu’il y a un problème et mettre en place des actions. Si tu as été capable de créer ton univers jusqu’à présent tu as les ressources pour changer les choses.
Tu as les ressources en toi.
Ce dont j’avais peur c’était de ne pas avoir les ressources pour pouvoir créer autre chose. Notamment parce que tu as peur de ne pas avoir de marché en face. Tu as l’impression qu’il faut avoir une offre de production pour qu’il y ait les clients derrière afin de faire suffisamment de C.A. pour vivre.
Je faisais plus du C.A. pour vivre cela faisait longtemps que je l’avais dépassé. J’en faisais beaucoup trop.
En faisant cette rupture brutale, je me suis mise à avoir des prises de conscience, comme celle-ci. Je n’ai pas besoin d’avoir autant de C.A. pour me sentir bien.
Comme conseil, par exemple, j’ai fait des sessions d’introspection pour sonder ce qui se passe en moi, émotionnellement et physiquement. Il ne faut pas avoir peur de commencer petit à petit dans son quotidien, à se laisser ses bulles d’expérimentations. Je sais que pour moi, ça ne marchait pas assez. Le vendredi était réservé pour les expérimentations. Mais finalement, un client arrive avec une problématique, et je travaillais le vendredi..
Même si tu te dis, je vais consacrer ce temps là pour moi, pour mon business. Souvent tu fais sauter ces temps. C’est important d’avoir des phases encore plus franches. Se donner deux semaines de vacances entières, couper sous toutes les notifications par rapport au travail. Essayer de vider son esprit par rapport à ce qui est contractuellement en place. Moi, je sais que ce n’était pas assez intense. J’ai fait trois semaines de coupure mais ce n’était pas assez. Il a fallu vraiment que je fasse cette rupture franche pour stopper mes contrats en cours pour me dire je suis plus lié à quelqu’un donc j’ai l’espace pour faire émerger d’autres choses.
Diane : C’est intéressant ce que tu dis sur le fait que tu avais assez d’argent pour vivre. Dans notre entourage on a toujours la question : est-ce que tu gagnes ta vie en indépendant ? l’Indépendance est aussi souvent signe de précarité.
Comment as tu vécu le contraste je gagne énormément d’argent et en même temps je ne suis pas fier des C.A. et des chiffres qui arrivent sur mon compte ?
Christelle : C’était très antinomique. D’un côté, j’étais extrêmement fière parce que j’avais atteint les objectifs fixés haut la main. Je sais que ce n’est pas le cas de beaucoup d’indépendants. Donc je devais me dire contente de ce que tu as. Tu as coché les cases que tu voulais cocher. Cette notion de réussite, je l’ai associé à l’argent. Je me suis rendu compte justement en me sondant.
Mon contexte familial a fait que pour bien réussir ta vie, il faut avoir un super bon métier. Il faut avoir un super cdi dans une super boîte et avoir beaucoup d’argent. J’ai coché la case j’ai beaucoup de C.A., même suffisamment pour envie pendant plusieurs années. C’est une chance d’avoir réussi à construire cela. Mais d’un côté, je ne suis pas fière parce que ça m’a coûté d’atteindre ce fantasme financier. Cela m’a coûté énergiquement, mais aussi émotionnellement. J’ai été puiser dans des ressources qui étaient costaudes. Parce que pour faire ce C.A, quand tu es indépendant, en solo partenariat, il faut quand même cravacher. Tu n’as pas le temps et l’espace pour autre chose.
je me suis rendu compte que je vivais pour mon travail et pour l’entreprise que j’ai créé mais pas pour moi. Quand je m’en suis aperçu, j’ai été extrêmement triste. Du coup, ma vie se résume à Christelle. Elle est UX designer. Elle a un gros C.A. Et c’est tout.
Or, comme tu l’as dit, tu ne m’as même pas présenté par mon métier. Tu m’as présentée par mes passions. Je suis passionnée de bouffe et je suis passionnée par mon chat, mais pas que.
Je suis bien plus que mon métier et je suis la somme de bien plus de choses. Et c’est cela qui me rendait triste. Je m’étais créé un quotidien autour de l’entrepreneuriat et uniquement de l’entrepreneuriat.
Diane : Je trouve cela assez fort de se dire qu’on est multiple, qu’on ne se résume pas que par notre métier, avec de gros guillemets d’ailleurs, mais par plein de choses.
Je me souviens d’un atelier sur le bilan de l’année 2021. Il avait commencé par :
- Qui êtes vous ? Vous êtes une femme, une sœur, une amie, une bras droit… Je trouve cet exercice intéressant car cela permet de se positionner sur ses propres représentations. Comment je dois communiquer parce que pour ma part je suis une productrice de Thomas et de Killian. Mais je suis aussi une productrice et j’aime beaucoup faire des choses avec Marine. J’ai d’ailleurs plus envie qu’on m’identifie comme cela. Et ce n’est pas toujours facile de dissocier toutes les choses qu’on fait et de les agencer en termes de communication, de contenu, même de positionnement.
Marine : Vos deux témoignages me parlent énormément. Je me souviens quand j’ai décidé de me lancer, ma priorité, ce n’était pas de bien gagner ma vie. C’était plutôt de kiffer et d’avoir un équilibre professionnel. Je connaissais beaucoup de gens qui n’aimaient pas leur boulot ou qui étaient trop pris par leur boulot. Je ne voulais pas subir ce boulot.
Du coup, au final, l’argent ne fait pas du tout le bonheur. Enfin, tout le monde dit oui. Il faut avoir un super CDI, une bonne paie, un bon boulot. Alors qu’au final ce n’est pas les gens qui ont le plus gros CA et les plus grosses paies qui sont heureux.
Si tu n’as pas de source dans ce que tu fais activités, travail, toutes les parties de ta vie. Au final tu ne kiffes pas et l’argent que tu as sur ton compte en banque, tu n’as pas le temps de l’utiliser ou tu ne peux pas l’utiliser. Tout cet argent que tu as pour tes vacances, c’est parce que tu n’as pas aussi eu le temps de le dépenser.
Christelle : Mais totalement. En cinq ans, j’ai peut-être pris deux semaines de vacances. Et je n’ai pas fait des grosses vacances. C’est parce que j’ai travaillé, j’étais dans cette boucle infernale ou, je n’arrive pas à dire stop. J’ai pris des jours par ci, par là, mais je ne les considère pas comme des vacances.
J’ai pris une semaine de vacances il y a deux ans et c’était à ce moment-là que j’avais eu ma prise de conscience que je travaillais énormément mais vraiment énormément. Il fallait que je m’octroie des vacances. Mais c’était une autorisation que je m’étais donnée à moi même.
Donc on voit déjà que le schéma n’est pas très bon. Malheureusement il y a eu de Covid donc du coup, je me suis dit : prendre des vacances alors que je suis chez moi et enfermé dans un appartement. Je n’ai pas de terrasse, je n’ai rien du tout, je ne peux pas profiter de l’extérieur. J’ai fait l’impasse sur les vacances et on verra après le Covid.
Le covid, il est encore là, il va peut-être falloir réfléchir à prendre des vacances. Ces notions là, j’avais beaucoup de C.A. J’ai pu quand même me faire plaisir ces derniers temps quand même parce que, notamment, je me suis offert une cuisine sur mesure, très très sympathique.
De plus en plus, sur les derniers mois, je me suis rendu compte que je le faisais de l’argent, qui dormait sur un compte, que je ne pouvais même pas en profiter. Je m’étais construit un quotidien qui faisait que je ne pouvais pas en profiter.
Après, je trouve que c’est vraiment une chance, pour moi, d’avoir cette réserve de trésorerie pour faire ce que je suis en train de faire aujourd’hui. Cela me donne cette charge mentale en moins.
J’ai la charge mentale financière car je n’arrive pas à me détacher de cette croyance limitante qui est : je vais manquer d’argent. Le fait d’avoir cette réserve de trésorerie à disposition pour faire ma rupture très brutale avec mon quotidien actuel, c’est quand même très réconfortant pour moi. Cette trésorerie me donne l’opportunité d’aller créer des choses.
Cela ne veut pas dire qu’il faut absolument aller chercher ce C.A à 6 chiffres, comme je l’ai fait, parce que cela ne va pas t’apporter plus de bonheur.
Marine : C’est un matelas de sécurité.
Cela rassure quelque part d’avoir cette trésorerie, ce matelas de sécurité, c’est-à-dire que tu vas pouvoir expérimenter et pas forcément partir deux ans en vacances car ensuite tu n’auras plus d’argent et il faudra que tu cravaches pour refaire un matelas de sécurité.
Au moins tu as un matelas de sécurité pour beaucoup plus expérimenté. Tu peux modifier ton organisation comme par exemple : Trois jours de travail par semaine et deux jours de loisirs. Du coup, c’est quatre jours en plus ce week-end.
Christelle : J’aurais pu le faire avant parce qu’en soi, je n’ai pas besoin de faire ce CA à 6 chiffres. J’aurais pu très bien travailler deux jours par semaine l’année dernière. Cela aurait été très bien parce que j’aurais largement suffi à mes besoins.
Ce que je disais : c’était un matelas confortable parce que je peux faire une rupture brutale et ne vendre rien. N’être contractuellement lié à personne. Je sais qu’il y a des indépendants qui se disent : je vais cravacher trois mois de l’année à fond, après je profite du reste de mon année soit pour expérimenter d’autres choses : écrire des livres, faire des podcasts…
Autre chose que travailler pour des clients. Ou sinon prendre des vacances où tu pars à l’autre bout du monde . Tu fais autre chose complètement différent.
Il y a plein de manières différentes d’aborder les choses.
Moi, actuellement, j’ai cette trésorerie de dispo et je peux la mettre au service de la construction d’un nouveau quotidien qui me permettra de plus kiffer mon travail.
Diane : Cela me fait penser à Geneviève Gauvin qui fait une fois par an le lancement du bundle Kaching. Elle fait juste cette offre et elle gagne très bien sa vie. Elle fait plein de choses comme un podcast. Elle n’est pas en train de courir après n’importe quelle opportunité qui peut s’ouvrir à elle comme le syndrome de l’objet brillant.
Christelle : Geneviève Gauvin c’est l’exemple parfait. Elle cravache le mois de décembre, le mois de janvier et une partie du mois de février pour atteindre son objectif financier. Mais le reste de l’année, elle va expérimenter énormément et elle se fait vraiment plaisir. C’est du kif à l’état brut.
Elle a d’ailleurs posté cette question en storie Instagram : est-ce que ce schéma de travail vous fait kiffer ou pas ? Elle a posté la question à toute sa communauté. Les réponses étaient unanimes. 92 pourcent qui étaient : oui, on voudrait.
Ensuite entre le “on voudrait »et le passage à l’action, il y a un cap.
Marine : Ce modèle de travail, je ne sais pas s’il me fait kiffer. Après expérimenter/glander, les neuf autres mois de l’année, ce serait hyper difficile de me remettre à bosser pendant trois mois.
Moi j’aime bien lisser mon travail au maximum pour cravacher à mi-temps, mais toute l’année.
Christelle : Par exemple, sur le sondage de Geneviève justement, j’avais répondu non. Je me rends compte que je ne suis pas quelqu’un qui va cravacher pendant trois mois et qui va s’en foutre le reste de l’année. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas compatible avec mon cerveau. Je suis extrêmement productif.
Finalement ce que d’autres appelleraient cravacher. Pour moi, c’est naturel. Je le vois, je le ressens.
Depuis, ces deux dernières semaines, je suis en train de construire un quotidien beaucoup plus slow, beaucoup plus naturel. J’écoute mon énergie du moment et je le fais par rapport à l’énergie du moment. Par moments, je vais avoir envie de travailler d’autres ou j’ai juste envie d’être sur ma terrasse en train de prendre le soleil. Et c’est OK d’avoir ce besoin là.
C’est ton système à toi Marine. C’est mon système à moi. Et Geneviève, elle, cela lui correspond très bien de cravacher à fond pendant un temps donné et après faire autre chose.
Moi j’ai besoin d’avoir ce mix des deux en permanence : Produire et kiffer en même temps systématiquement.
Diane : Je pense qu’on a tous des environnements et des façons de se mettre en mouvement différentes. Ce que j’aimerais rappeler, c’est que ta mise en mouvement est multiple et elle dépend de plein de facteurs.
Moi je ne mets pas en mouvement de la même façon que Marine, même si on se connait très bien. Il y a plein de choses sur lesquelles on est d’accord.
J’aime le rappeler c’est très bien d’aller voir les stratégies des autres mais la première chose à faire c’est de faire des tests par soi-même, de voir ce qui te convient le mieux?
Christelle : Se créer un quotidien sur mesure qui répond à ton énergie du moment. En tant que femmes, on est soumis à des cycles hormonaux qui sont assez intenses. J’ai bien identifié mes cycles, quand je parle de cycles, je ne parle pas forcément de menstruations ou quoi que ce soit. C’est en règle générale. On a des cycles qui font qu’à une certaine période du mois, on va être extrêmement énergiques, très productives, très créatives. Et à un autre moment, c’est juste pas possible de nous parler parce qu’ on est dans cette phase de deuil.
Le corps a vraiment ce mécanisme là. On est dans une énergie descendante et à ce moment-là, il faut qu’on ait un mouvement beaucoup plus slow parce que sinon on va à l’encontre de son énergie, de son corps. Du coup, le cycle suivant pour moi, en tout cas, je le perçois comme ça, je le paye. J’ai beaucoup plus de douleurs et bizarrement, ce n’est pas le même cycle. Il est beaucoup moins fun.
Diane : Ce matin on a eu cette discussion avec Marine. Je suis en train de changer un peu le format de newsletter pour passer d’une newsletter hebdomadaire à mensuelle. J’ai demandé l’avis à Marine : c’est quand le bon moment pour l’envoyer ? Est-ce que c’est au début du mois ? Est-ce que ce milieu du mois ou est-ce que c’est la fin du mois?
Marine a posé cette question magique : Quand est-ce que tu as tes règles ? Parce que ce sera beaucoup plus facile de la produire quand je n’ai pas mes règles, que lorsque je les ai et que je suis au fond de mon lit et que j’ai envie de rien foutre.
Je le vois aussi quand il y a une annonce, quelque chose de pas bien qui s’accumule dans mon cerveau, dans mon environnement, je n’ai pas envie de travailler. Je n’ai pas envie, je n’y arrive pas. J’ai juste envie de me mettre tout au fond de mon lit et de regarder des séries. Il faut aussi savoir s’écouter et reconnaître les signes.
Christelle : Il y a plein d’autres variables possibles. Tu as des moments de vie qui influent sur ton énergie, sur ta motivation et c’est OK.
Par exemple, je sors d’un call qui m’a drainé émotionnellement. J’en peux plus. Je n’ai pas envie de me remettre à bosser, je vais me balader, prendre un bain ou une douche… Fais quelque chose qui me fait du bien. Et après tu te remettras à travailler et peut être que tu vas laisser traîner la journée. Et demain tu te remettras en mouvement. Ce n’est pas grave de se mettre dans un mode plus slow, plus conservateur de mon énergie. Cela permet de se mettre en mouvement plus tard, de déculpabiliser.
Je sais que sur les réseaux sociaux, il y a beaucoup d’entrepreneurs qui prônent l’hyperactivité entreprenariat. Il faut avoir fait 70h dans la semaine, sinon tu vaux rien. Non tu peux te mettre en mouvement, en conscience tout simplement et en préservant ton énergie. Je pourrais me mettre en mouvement tout de suite pour créer mon quotidien sur mesure.
Mais, j’ai décidé de ne pas le faire, d’être plus dans la conservation de mon énergie, parce que je sais que si je me mets là tout de suite avec ma réserve d’énergie à me mettre en mouvement. Dans deux semaines, elle est vidée. Donc je ne pourrai pas garder cette mise en mouvement sur le long terme.
Il faut savoir respecter énergétiquement et émotionnellement l’action et arrêter de culpabiliser.
Si tu veux te balader en pleine journée.
Marine : En plus c’est presque pire de vouloir absolument continuer sa journée alors que tu es crevée.
Au début c’est ce que je faisais. Je me disais : je continue jusqu’à 16h et après je m’arrête.
Au final je n’étais pas concentré, j’avançais à deux à l’heure alors que d’habitude je suis plutôt productive. Maintenant je travaille sur moi. Si l’après-midi, je recommence à 16 h parce que je n’ai pas l’énergie. Je recommence à 16h et c’est très bien comme cela.
c’est un peu la deuxième vie d’une journée. Je l’ai remarquée pour moi. Quand je m’arrête par exemple de 14h à 16h, cela me fait une deuxième journée qui commence vers 16h ou je peux réattaquer à travailler. J’ai une deuxième journée dans les mêmes 24h.
Les prochains STEP que t’as envie de lancer ? Qu’est ce qui te fait kiffer ?
Christelle : En ce moment, je suis dans une phase ou j’ai vidé mon quotidien professionnel.
Je le vois depuis que j’ai vraiment arrêté, que je ne suis plus contractuellement lié à des clients. Cela a fait naître et émerger d’autres opportunités que je n’aurais pas eu en temps normal.
Aujourd’hui, on m’a posé une question si j’avais repris le boulot ?
D’un côté, dans ma tête, je n’ai pas l’impression d’avoir repris le boulot en tant que tel parce que ce jugement : si tu ne rapporte pas de l’argent ou si je travaille pas pour un client, tu ne travailles pas.
Quand tu te fais kiffer, tu fais des tâches comme par-ci par-là, cela ne veut pas dire que tu travailles.
Et d’un autre côté, si je travaille, pourquoi je ne travaille pas ? Je vais me lever à l’heure où je veux. Je vais faire les activités que je veux dans ma journée. En parallèle, je fais quand même de la compta, de l’administratif. Mais pas que, je me suis posée sur ma terrasse, j’ai pris un carnet et j’ai vidé mon cerveau. Parce que j’avais besoin de vider mon cerveau.
Finalement, est-ce que vider son cerveau peut être considéré comme du travail? C’est pour cela que je pense qu’on peut qualifier que j’ai fait du travail. Même si je n’ai pas rapporté de CA. Même s’il n’y a pas de clients derrière, j’ai travaillé pour moi et pour moi même.
C’est vraiment le résumé : j’ai travaillé sur moi et pour moi.
Les grandes lignes que je vois se dessiner, c’est justement de me sonder, de faire beaucoup d’introspection sur moi-même. De me reconnecter à l’enfant que j’étais parce que cela fait émerger des notions que je pensais pas devoir nourrir dans mon quotidien professionnel.
Parmi les choses qui ont émergé, c’est la transmission. J’adore transmettre, parler de ce que je fais. Transmettre mes connaissances aux autres. Je sais qu’il y aura ce volet là que je dois dessiner dans mon quotidien. La deuxième chose, c’est l’expérimentation. J’adore expérimenter. C’est la reconnexion totale à l’enfance. J’adorais jouer au LegoⓇ.
J’ai adoré faire des expériences très chelou dans mon jardin avec les plantes. Je prenais des bocaux, je mettais des plantes dedans. J’essayais de voir ce que cela donnait. Est ce qu’elles vont faner tout de suite ? Est ce que je pourrais faire du parfum en mettant des plantes dans de l’eau ?
C’est très basique, mais c’était bien. J’ai expérimenté plein de choses. Je pensais pouvoir faire vivre une coccinelle dans un bocal en la nourrissant avec de l’herbe. Je ne sais pas pourquoi.
C’est ces deux volets, l’un est lié à l’expérimentation, à l’apprentissage et l’autre à la transmission et au mentorat. Du coup, ces deux notions font émerger énormément de possibilités. Je ne vais pas dire que j’ai choisi un truc parce que je ne l’ai pas choisi. Je me laisse encore le temps de continuer à me sonder.
Mais en tout cas, en deux semaines, ces deux éléments-là ont émergé. Donc c’est déjà pas mal, je trouve. Il y aura forcément, des expérimentations diverses et variées dans tous les sens. J’ai repris aussi ma communication sur Instagram après plusieurs mois d’arrêt. Juste pour parler de tout ce que je traverse. Par exemple, cette semaine, j’ai partagé le fait d’avoir tout coupé et ce que j’en retiens. Juste expérimenter, partager.
Cela répond à mes deux pourquoi. Donc du coup, cela me va.
Diane : Je trouve que c’est très beau. Je suis très heureux d’entendre parler de cela. C’est passionnant.
Marine : C’est hyper inspirant.
Quels seraient les 3 conseils que tu pourrais donner aux personnes pour qu’elles prennent ou reprennent du plaisir dans leur travail ?
Christelle : Ce que j’ai envie de partager, c’est le fait de se sonder régulièrement. Quand tu vas te lancer dans l’indépendance, tu penses à connaître ton Pourquoi ? C’est peut-être ton Pourquoi à l’instant T. Mais ce Pourquoi, il évolue.
Il évolue beaucoup parce que le chemin de l’entrepreneuriat fait que tu as une croissance qui est différente que quand tu es salarié. Cette croissance fait fluctuer énormément ton Pourquoi.
Je parle beaucoup du Pourquoi parce que en tant que designer c’est “start with why” tout le temps : Pourquoi tu fais cela ? À qui tu parles ?
Reconnecte toi à l’enfant que tu étais. Souvent, il a des messages à te faire passer. Ce qui te faisait kiffer quand tu étais petit, venait naturellement. Du coup, décortique pourquoi tu faisais ces activités ? Pourquoi tu ne les fais plus maintenant ? Souvent, on se rend compte qu’il y a beaucoup d’activités que j’ai abandonnées en cours de route. Ce n’est pas parce que je ne les aime pas, c’est parce que le quotidien à pris le dessus tout simplement. Parce que ceci, parce que cela, il y a beaucoup de “parce que” car il y a plein d’impératifs. Mais il n’y a rien qui t’empêche de te dire : Aujourd’hui, je vais chanter ou faire du Lego.
C’est quoi l’une des plus belles opportunités que t’as pu avoir grâce à ton contenu ?
Christelle : La plus belle opportunité, j’en ai beaucoup en ce moment.
C’est bizarre, mais c’est se dire que par le rien et de parler du rien cela fait émerger des opportunités.
C’est un truc très marquant que j’ai expérimenté ces dernières semaines. Communiquer sur Instagram le fait que j’ai décidé de stopper en me créant un environnement et un quotidien en accord avec mon énergie du moment. Cela fait naître énormément de discussions autour de moi.
Pourtant je communique extrêmement peu. Je n’ai pas créé énormément de contenus sur les réseaux sociaux car cela ne répondait pas à mon besoin de rentrer suffisamment de clients et de C.A. C’était mes premiers indicateurs clés quand j’ai commencé. Faire du marketing de réseau ce n’était pas l’essentiel. J’allais parler aux gens dans des meetup. C’est beaucoup plus organique que créer des contenus sur les réseaux sociaux. C’est du contenu en soi parce que tu te déplaces, tu parles de toi. Tu crées du contenu.
J’ai vu passer sur LinkedIn des gens qui disent : “je ne sais pas par ou commencer pour les réseaux sociaux.”
Peut-être que ce n’est pas ta place d’être sur les réseaux sociaux, c’est autre chose. Et ce n’est pas grave, ce n’est pas parce que tous les freelance commencent à se mettre sur les réseaux sociaux, à créer des podcasts que tu es obligé de faire ta chaîne YouTube, ton podcast, à communiquer sur LinkedIn tous les jours et ainsi de suite.
Les formats de contenus sont divers et variés. Par exemple, les contenus que j’ai créés : c’étaient des ateliers. J’ai créé des meetup. Il y a plein de formes diverses et variées et cela apporte de belles opportunités.
Quand j’ai créé ce genre de choses, cela m’a rapporté des clients. Des clients qui ont été ultra fidèles, qui sont capables de me suivre dans tous mes délires. Cette semaine, j’ai commencé à évoquer ce qui m’anime concrètement. Potentiellement, des nouvelles offres et des nouvelles manières de travailler allaient émerger. J’ai des clients qui ont répondu : on signe pour le mois prochain.
C’est assez fou de se dire que je suis en train de créer mon quotidien sur mesure. Cela nourrit d’autres personnes. Il y a un marché parce que moi je pensais pas.
Ma croyance limitante, pendant longtemps, a été : si je ne fais pas de la prod, il y aura personne qui voudra de mes offres.
Marine : C’est cool que tu aies des clients qui te suivent jusqu’au bout. S’ils sont prêts à signer, cela te montre que tu as un marché et que tu peux avoir confiance dans tes introspections.
Au final, tu as eu raison de faire de l’introspection. Peu de freelance prennent le temps de le faire. Parce que projet client, parce que tu n’as pas le temps, parce que le premier jour qui saute dans la semaine, c’est la journée prévu pour ton entreprise. La journée qui ne te rapporte pas d’argent. Enfin qui n’est pas tarifé au départ.
C’est important de tenir au courant aussi tes clients, les gens et de communiquer dessus, même si pour toi ça te semble pas super très intéressant. C’est important de communiquer sur ce que tu fais, ce que t’as envie de faire et les opportunités que tu as envie d’avoir.
Christelle : Finalement, j’ai terminé les relations commerciales avec mes clients mais je continue à leur envoyer un message, à leur laisser une note vocale, à créer du contenu. Je les informe de mon évolution, de ma progression, de la création d’un nouveau format…et voir ce qui émerge.
Cette semaine justement, j’ai commencé à évoquer que je prenais ce temps. Finalement cela m’a permis de faire le tri dans mes anciens clients, ceux à qui le développement personnel, l’introspection ne parlent pas du tout. Qui sont en mode bullshit.
Avec d’autres clients, cela fait émerger des conversations. J’ai un de mes anciens clients qui a commencé à me parler. Il m’a expliqué pourquoi je n’arrivais pas à le joindre l’après-midi. Il fait du surf tous les après-midi. Par contre il travaille à 2h-3h du matin, parce que c’est là qu’il a son flot d’énergie. Il se lève à 11h du matin.
J’ai eu cette discussion avec un de mes clients cette semaine car je me suis exprimé en tant que personne, en tant qu’individu. Cela a permis à d’autres de s’exprimer. Je ne suis pas toute seule à construire un quotidien sur mesure.
Diane : Je trouve cela important de rappeler que le contenu qu’on fait, ce n’est pas juste faire des posts Instagram,des podcasts, faire des newsletter… C’est aussi tout simplement s’exprimer.
Mon intention pour 2022 (ndlr : épisode 7), c’est de faire en sorte que ma voix soit créateur d’opportunités et de kif.
Cela englobe plein de choses. Cette intention englobe de faire un travail sur moi d’introspection et de développement personnel. j’inclus l’apprentissage de la sophrologie et la maîtrise de la respiration afin d’éviter de m’essouffler quand je parle. Je dois prendre en compte que mon travail doit être qualitatif, plus rigoureux et structuré.
Rappel : ta voix, elle a un impact et un poids dans la société, même si on peut penser le contraire.
Christelle : Si tu as réussi à inspirer une personne parce que tu dis quelque chose. C’est un début.
Comme tu disais, ta voix est déjà un contenu.
J’ai rencontré des entrepreneurs, je leur ai parlé spontanément de mes expériences. J’ai créé du contenu car cela a du sens pour les autres. Quand tu prends la parole, cela ne veut pas dire que cela doit se matérialiser forcément par un podcast, par une newsletter, par un blog, par une story…
Finalement, il y a beaucoup de manière organique pour créer du contenu.
Marine : Je suis 100 % d’accord avec toi. En vrai c’était 100 % hyper inspirants.
Diane : Merci à vous deux pour le moment.